24 heures avec Police Secours à Caen

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Publié le 15/03/2023 12:46:22

Une journaliste de Studiofact a tourné pendant deux mois en immersion avec Police Secours à Caen. Un documentaire à découvrir sur RMC Story. Première partie ce mercredi à 21h10, la seconde le 22 mars.

Il est 7 heures ce samedi, Caen est encore endormie lorsque la brigade de jour de Police Secours commence sa vacation. Dans la salle principale du commissariat, c’est l’appel, dirigé par le major Sébastien, un ex de la Brigade anticriminalité (BAC), désormais à la tête d’une vingtaine d’hommes. Les équipages de trois fonctionnaires se constituent. Gérald, qui a déjà passé la moitié de sa vie dans la police aura pour équipière Sabrina, maman de 2 enfants et un tempérament bien trempé ainsi que Malik, ex-policier à Nîmes (Gard), qui fait partie des dernières recrues ici, dans le Calvados.

« 100 Delta, dirigez-vous (…) pour une dispute de couple », crache presque instantanément la radio du trio. Gyro, deux tons, la 5008 sérigraphiée traverse la ville. Venir secourir les personnes en détresse, notamment les femmes victimes de leurs conjoints, est la mission première de Police Secours (94 policiers qui se relaient 24 heures sur 24), bien loin du cliché répressif qui pèse sur le métier de policier. Dans le Calvados, les violences faites aux femmes ont augmenté de 200 % en trois ans, selon la préfecture car mieux détectées.

Sur place, les policiers font face à un jeune homme alcoolisé et une femme apeurée. La situation est redevenue calme, mais les policiers le savent, chaque intervention peut dégénérer et derrière chaque porte de domicile le pire peut arriver. L’équipage est habitué à ces scénarios qui se répètent indéfiniment, Malik et Gérald prennent l’homme à part tandis que Sabrina discute avec la femme.

Des rapports d’interventions obligatoires

Une soirée arrosée, un jeune qui aimerait finir la nuit avec une fille rencontrée quelques heures plus tôt, il insiste, elle prend peur. Le garçon s’agite, il ne comprend pas le contrôle, il invective les agents. Puis en l’espace d’un instant prend la fuite. Il a la vingtaine, il est sportif, il distance rapidement les policiers alourdis par leur équipement, des kilos nécessaires à leur travail mais bien inutiles pour courir après les contrevenants.

Après 1 km de course folle, le suspect est rattrapé par une seconde patrouille venue en renfort. Le jeune homme est emmené pour « ivresse sur la voie publique », après avoir été menotté, il a été informé qu’il verrait un médecin à son arrivée au commissariat. Essoufflé, Gérald ne s’attendait pas à faire un sprint de si bon matin.

Retour à l’hôtel de police pour la « gestion des événements », des rapports d’interventions obligatoires qui peuvent prendre en fonction des interventions quasiment 1 heure. De la « paperasse » qui pour un grand nombre de policiers pourrait être largement simplifiée au profit de la présence sur la voie publique.

Un équipage attentif à la moindre incivilité

Retour en patrouille. La ville, qui compte 400 policiers pour 106 000 habitants, est réveillée depuis deux heures et les rues sont déjà saturées par les nombreux automobilistes, tandis que les cyclistes tentent de gagner du temps en empruntant les voies réservées. Dans la voiture, l’équipage attentif à la moindre incivilité, reçoit un appel inquiétant : un 4 x 4 roule à vive allure sur la piste cyclable zigzagant entre les vélos, indique l’opérateur gérant les caméras de la ville.

Un véhicule de la police municipale est déjà sur les lieux et le chauffard stoppé. Le conducteur, la cinquantaine semble désorienté et confus mais finit par accepter de souffler dans l’alcootest : 1,45 g ! soit 2,90g par litre de sang, quasiment 6 fois le taux autorisé. L’homme est placé en garde à vue, son véhicule immobilisé. Il risque désormais 2 ans de prison ainsi que l’annulation de son permis. Avec 33 décès en 2022, le nombre de tués sur les routes du Calvados est deux fois supérieur à la moyenne nationale. Le nombre d’infractions lié à d’alcool quant à lui a augmenté de 15 %.

Cette fois, le trio est appelé au domicile d’une femme. C’est le Samu qui a contacté le 17 : il craint que celle-ci soit en danger. La victime présumée dit être séquestrée par des hommes mais a préféré alerter les urgences de l’hôpital. Sirène hurlante, les policiers rejoignent l’adresse indiquée par le médecin. En entrant dans l’appartement, les agents sont saisis par la fumée qui se dégage de la pièce principale. Cinq hommes fument et boivent le thé tandis qu’une femme est prostrée contre le mur.

Sabrina emmène la femme à l’écart dans la chambre. Cette dernière explique être alcoolique et se prostituer auprès de ces réfugiés afghans pour s’acheter des bouteilles d’alcool. Elle est à bout, se sent piégée et n’arrive pas à sortir de sa dépendance. La mission de Sabrina est désormais de convaincre cette femme de se faire soigner.

« On ne fait pas que de la répression »

Après une longue négociation la femme terrorisée accepte finalement de passer quelques jours chez ses parents. Sabrina est soulagée. « C’est ça la police, le service public, on ne fait pas que de la répression, on vient aussi en aide à la population ». Pour Sabrina, la police, plus qu’un métier, c’est une vocation, même si parfois elle souffre de la défiance de certains citoyens.

Direction quartier populaire à la périphérie de Caen. Les patrouilles s’y rendent chaque jour pour ne pas laisser le trafic de stupéfiants s’y installer durablement, parfois à leur risque et péril. Ce samedi, comme souvent le week-end, une tension particulière règne dans la cité. À peine descendu de la voiture sérigraphiée qu’un attroupement se forme. Ils se retrouvent rapidement encerclés par une dizaine de jeunes, les premières insultes fusent, les premières intimidations. L’équipage le sait, les jeunes cherchent à les déstabiliser. Une sorte de jeu qui ne va rarement plus loin que de simples mots. Mais pour le trio, il est hors de question de laisser du terrain à ces jeunes trafiquants. Malik hausse le ton, empoigne le meneur, celui-ci est surpris et stoppe tout net ses insultes.

La tension redescendue, l’équipage regagne le véhicule. En sous-effectifs, impossible pour eux d’investir la cité sans se mettre en danger. Au sein de l’équipage la frustration est palpable même une opération anti-stup d’envergure est prévue dans les prochaines semaines.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/24-heures-avec-police-secours-a-caen-15-03-2023-OYMNTHV2YZCPFIF4F5AX6CZEII.php