«Un désir absolu de vengeance» : une mère et son fils américains condamnés pour avoir tenté de tuer le père français

logo Le Parisien illustration «Un désir absolu de vengeance» : une mère et son fils américains condamnés pour avoir tenté de tuer le père français

Publié le 13/05/2022 21:31:45

Cette femme de 60 ans et son fils ont été reconnus coupables de tentative d’assassinat à l’encontre du père français de ce dernier. La cour les soupçonne d’avoir lorgné sur l’héritage familial du Français.

C’est une affaire tentaculaire révélée par Le Parisien en 2018, qui mêle complotisme, héritage familial et tentative d’assassinat. June Hopkins, une Américaine de 60 ans et son fils Brendan Walsh, ont été condamnés ce vendredi à Paris à 16 et 12 ans de réclusion criminelle pour avoir tenté d’assassiner le père français de ce dernier.

En 2010, alors que June Hopkins et son fils n’ont pas vu le père de ce dernier Grégoire Lautissier depuis quinze ans, se rendent en France pour reprendre contact avec lui. June Hopkins aimerait que son fils prenne le nom de son père, les démarches sont faites.

À l’été, une dispute éclate quand Grégoire Lautissier s’aperçoit que sa famille américaine avait fouillé ses papiers, notamment ceux concernant la succession de son père. Son fils l’aurait alors aspergé d’allume-barbecue, avant de tenter d’actionner un briquet. La cour a choisi de requalifier cette première tentative de meurtre en violences volontaires, « principalement par manque d’éléments matériels », a justifié le président Christophe Petiteau.

Elle a par contre reconnu June Hopkins et Brendan Walsh coupables de tentatives d’assassinat sur Grégoire Lautissier et sa sœur en 2015, devant leur domicile. Ils avaient été agressés par « les Américains », qui avaient tenté de les étrangler, casques de moto sur la tête.

« Ce que ne savent pas encore les enquêteurs » à l’époque, avait dit l’avocat général Olivier Bray dans ses réquisitions, c’est que June Hopkins et son « bras armé » de fils vivaient depuis trois ans « en vase clos » à Paris, consacrant l’intégralité de leur temps à espionner et harceler Grégoire Lautissier, animés d’une « haine farouche, un désir absolu de vengeance ».

Dans leur cave, les enquêteurs avaient retrouvé des lunettes caméra, des gilets de camouflage, des masques, une scie, une machette et une hache. Grégoire Lautissier est « tombé dans une profonde dépression » , sa vie est devenue « un enfer », et sa famille n’avait « rien demandé », a-t-il martelé.

« Trafiquant de drogue » et « mafia russe »

Les deux accusés ont toujours contesté les accusations, se présentant en victimes d’un « complot » du père et de ses proches pour les éliminer. « Pour quelle raison ? », n’a cessé de demander la cour depuis le début du procès lundi, sans obtenir de réponse cohérente.

« Le complot, c’est un écran de fumée », a balayé l’avocat général. « On a créé une histoire pour légitimer les actions ». C’est une « histoire de fou », ils ont l’air « d’amateurs » mais ce n’est pas « drôle ».

« Évidemment qu’elle croit à ce complot », s’est de son côté emporté l’avocate de June Hopkins, Sophie Rey-Gascon. « Sinon, elle n’aurait pas passé trois ans enfermée » dans ce projet « irrationnel », a-t-elle continué, rappelant les micros planqués devant chez Grégoire Lautissier, les théories autour de « tueurs à gages », « trafiquants de drogue » et « mafia russe ».

« C’est n’importe quoi », mais « on n’a pas les clés pour comprendre », a estimé l’avocate, regrettant que sa cliente n’ait connu qu’une expertise psychiatrique - qui avait conclu à l’absence de trouble. June Hopkins, toujours « fantasque » et « rayonnante » est aussi la femme violée par son père pendant son enfance, a rappelé sa défense. « Elle sourit tout le temps » mais « presque comme une poupée cassée ». « Je n’ai jamais eu l’intention de faire du mal à personne », a-t-elle déclaré dans ses derniers mots à la cour.

De son côté, Brendan Walsh « fait un travail sur lui », il comprend aujourd’hui qu’il « a été emporté dans le délire paranoïaque » de sa mère, a plaidé son avocate, Julie Février. « J’ai eu du temps pour réfléchir en prison, je me suis rendu compte du mal que j’avais fait. Je suis désolé », a-t-il déclaré.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/une-mere-et-son-fils-americains-condamnes-a-16-et-12-ans-de-prison-pour-avoir-tente-de-tuer-le-pere-francais-13-05-2022-2O35FSA4GREVVNFIC7PLFDWD4U.php