« Peu d’expertise » mais violents : à Paris, une nouvelle génération de voleurs de montres

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Publié le 25/11/2021 10:04:56

Après « les Algériens » et « les Napolitains », une nouvelle génération de voleurs de montres de luxe sévit à Paris et en petite couronne

Après « les Algériens » et « les Napolitains », une nouvelle génération de voleurs de montres de luxe sévit à Paris et en petite couronne : originaires de la capitale, ils se démarquent par leur jeunesse et la violence de leurs attaques.

Cette nouvelle génération est dans la capitale depuis l’été 2019, avec une accentuation du phénomène, jusqu’à toucher la proche banlieue. « La victime est repérée à Paris puis suivie jusqu’à chez elle. Quand elle entre dans son hall d’immeuble, ils l’étranglent », raconte Fanélie Raverot, cheffe de la Sûreté territoriale des Hauts-de-Seine.

« Ce qui est marquant, c’est qu’ils font preuve d’une ultraviolence et que ce ne sont que des mineurs ou de jeunes majeurs », ajoute un enquêteur expérimenté du Val-de-Marne.

Leur profil ? Des Parisiens d’une vingtaine d’années, avec 44 % de mineurs, répond Julien Herbaut, chef de la Sûreté territoriale à Paris, où une trentaine d’enquêteurs sont mobilisés sur ce phénomène. Leurs cibles ? « Tout le monde. Ce qui compte pour eux, c’est la montre, pas la personne ». Tenace, cette nouvelle génération a toutefois « peu d’expertise » : les petites équipes de trois, quatre personnes n’ont identifié que « deux ou trois modèles de Rolex » qu’ils revendent sur les réseaux sociaux, sans filière de recel.

La victime est repérée à Paris puis suivie dans les transports ou à scooter jusqu’à chez elle. Quand elle entre dans son hall d’immeuble, ils l’étranglent

« Rite de passage »

Alexandre Meyer, journaliste et habitant du XVe arrondissement, a été ciblé. Il ouvrait sa boîte aux lettres dans son immeuble quand « un homme s’est jeté sur (lui) en faisant une clé d’étranglement de manière implacable », raconte-t-il, « encore choqué » après deux jours d’ITT. « Deux autres jeunes ont essayé de m’arracher ma montre et m’ont frappé au visage ». Lui est parvenu à faire fuir ses agresseurs sans qu’ils puissent le voler.

Outre le gain facile, ces vols de montres relèvent d’une sorte de « rite de passage » pour ces jeunes, souvent connus des services de police. « Ils sont très violents, puis ils font les gros bras, mais quand je les vois seul en détention provisoire, ils sont en larmes », commente Alain Fagbemi, un avocat parisien.

À Paris, les enquêteurs ont enregistré 617 vols de montres en 2020, avec un taux élevé d’enquêtes élucidées : « il n’y a pas une explosion du phénomène, seulement une évolution dans le mode opératoire », insiste le chef de la Sûreté territoriale.

Jusque-là, ces vols étaient réservés à des filières plus organisées. En 2013, des « vingtenaires », qu’on appelait « les Algériens », sévissaient dans le Triangle d’Or - les VIIIe, XVIe, et XVIIe arrondissements - contre des touristes. « L’élite » selon Julien Herbaut. Âgés d’environ 25 ans et formés dans leurs villages en Algérie, ces malfaiteurs sévissaient dans plusieurs capitales européennes. Mais ils agissaient sans violence, avec un œil connaisseur des modèles de montres. Une filière de recel était en place à l’étranger.

Puis « les Algériens » ont laissé la place aux « Napolitains ». Ils repèrent une cible au volant de sa voiture. Ils la suivent à deux scooters. Le premier groupe arrache le rétroviseur, le conducteur sort son bras pour remettre son rétroviseur… le deuxième groupe à scooter arrache la montre. Ils empochent des montres de haute valeur et repartent aussi vite en Italie.

En octobre, une de ces équipes a été interpellée à Paris après le vol d’une montre estimée à 200 000 euros sur un touriste allemand.

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Source : https://www.sudouest.fr/france/peu-d-expertise-mais-violents-a-paris-une-nouvelle-generation-de-voleurs-de-montres-7092966.php