« On ne regrette pas » : au procès Charlie, Riss défend la publication des caricatures de Mahomet

logo Ouest France illustration « On ne regrette pas » : au procès Charlie, Riss défend la publication des caricatures de Mahomet

Publié le 15/09/2022 17:01:45

Le directeur de Charlie Hebdo, Riss, a une nouvelle fois défendu jeudi 15 septembre la publication des caricatures de Mahomet, lors du procès en appel des attentats de janvier 2015 qui rejuge deux accusés.

Au quatrième jour du procès en appel des attentats de janvier 2015, jeudi 15 septembre, Riss, le directeur de la publication de Charlie Hebdo, a une nouvelle fois défendu la publication des caricatures de Mahomet. Devant la cour d’assises spéciale de Paris, qui rejuge deux proches du tueur de l’Hyper Cacher Amedy Coulibaly, Riss est revenu sur cette journée du 7 janvier, lorsque les frères Chérif et Saïd Kouachi sont entrés dans les locaux du journal satirique.

Lire aussi : Attentat de Charlie Hebdo : au procès en appel, l’accusé présente un autre visage

Plaqué au sol, Riss, de son vrai nom Laurent Sourisseau, a entendu les tirs « au coup par coup » et attendu son « tour arriver ». Touché à l’épaule par une balle de kalachnikov, il a été hospitalisé et vit depuis l’attentat sous protection policière. Il est aujourd’hui l’un des rares survivants du massacre. « Charlie Hebdo est toujours une cible, Charlie Hebdo sera toujours une cible tant qu’on existera », a estimé à la barre le responsable de l’hebdomadaire, qui avait décidé de republier en septembre 2020, le jour de l’ouverture du procès en première instance, les caricatures de Mahomet.

À la question de savoir s’il regrettait cette publication, Riss s’est voulu ferme. « On ne regrette pas parce que ça fait partie de ce pour quoi on se bat, de ce à quoi on croit, de l’identité du journal. Si on se met à regretter, il faudrait regretter de faire le journal depuis 1992 », a-t-il dit.

Quand le journal a publié ces dessins pour la première fois en 2006, avec cette Une qui fait dire à Mahomet « C’est dur d’être aimé par des cons », personne à la rédaction ne voit alors « quelque chose de très inquiétant ». Pas plus quand Charlie Hebdo est victime d’un incendie en 2011, assure Riss. « Pour nous, ce n’était pas dangereux de faire des dessins sur la religion. Ça faisait depuis le milieu du XIXe siècle qu’on n’avait pas mis des dessinateurs en prison, donc les tuer encore moins », a souligné le directeur de la publication.

« Le problème, c’est qu’à partir de ce moment-là, la mécanique de mort va commencer, le procès en islamophobie de Charlie Hebdo va commencer, on vous dit islamophobe », a relevé de son côté l’avocat du journal satirique, Me Richard Malka. Après « le massacre du 7 janvier 2015, on vous rend responsables de ce qui est arrivé », a-t-il ajouté.

« À Charlie Hebdo, on fait des dessins sur ce qui nous paraît critiquable dans la religion, pas contre la pratique de la religion. Même si c’est très déplaisant d’être accusé d’être responsable de son malheur, moi ça me galvanise », a dit Riss. C’est pourquoi après la mort des dessinateurs Charb, Cabu, Honoré, Wolinski et Tignous, des chroniqueurs Bernard Maris et Elsa Cayat, du correcteur Mustapha Ourrad, de Michel Renaud et du policier affecté à la protection de Charb, Franck Brinsolaro, « il fallait continuer » et que le journal survive. « Le combat continue car c’est au bénéfice de tous, pas que pour Charlie Hebdo », a ajouté Riss.

Après son audition, le président a ensuite donné la parole aux deux accusés. « Ce sont des choses qui nous dépassent ça », a commenté Amar Ramdani. « C’est inhumain ce qu’ils ont fait. Courage à lui et aux autres », a lancé de son côté Ali Riza Polat. Respectivement rejugés pour association de malfaiteurs terroriste et complicité d’assassinats terroristes, les deux hommes continuent de nier tout lien avec les attentats, qui ont fait au total 17 morts en janvier 2015.

Les auditions de parties civiles se poursuivront jusqu’au 22 septembre. La fin du procès est prévue le 21 octobre.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/charlie-hebdo/on-ne-regrette-pas-au-proces-charlie-riss-defend-la-publication-des-caricatures-de-mahomet-7addbed2-3501-11ed-a840-15d7214a10bc