«Ma cliente souffre de devoir raconter encore son histoire» : le «routard du viol» rejugé

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Publié le 17/10/2021 16:54:02

Condamné à trente ans de prison en appel, Florian Varin a fait casser sa condamnation et est rejugé cette semaine pour six viols ultra-violents commis de décembre 2011 à son arrestation en novembre 2012.

Pour la troisième fois, elles vont devoir revivre l’horreur d’un viol, revenir sur leur rencontre avec Florian Varin et raconter en détail la nuit qui a fait basculer leur vie. Condamné à deux reprises, en 2015 puis en 2018, à trente ans de prison pour six viols et une tentative de meurtre, leur bourreau a en effet obtenu en septembre 2019 l’annulation de sa condamnation en appel en raison d’un vice de procédure. Aujourd’hui âgé de 30 ans, Florian Varin, surnommé « le routard du viol », est donc rejugé à Montauban (Tarn-et-Garonne) cette semaine. « C’est forcément difficile pour les victimes, souligne Me Guy Debuisson, qui défend une femme violée en octobre 2012. Elles doivent revivre une scène qu’elles voudraient oublier, cela freine évidemment leur reconstruction. »

En moins d’un an, entre décembre 2011 et novembre 2012, de la Bretagne à Toulouse en passant par la Charente-Maritime ou les Deux-Sèvres, Florian Varin est accusé d’avoir violé six fois. Toutes ses victimes « relatent des faits présentant de grandes similitudes entre eux : rencontre aux abords de patinoire ou de discothèque, demande de câlin, fait de tirer les cheveux, pression cervicale et strangulation, masturbation, caresses digitales, pratique de la sodomie, fait de demander aux victimes de gémir, enregistrement du rapport sexuel, pleurs après la commission des viols… » souligne l’ordonnance de mise en accusation pour mettre en avant le caractère sériel des actes de Varin.

Marie, laissée pour morte dans un conteneur à poubelles

Pour retracer le parcours de Florian Varin, il faut commencer par sa chute, en novembre 2012, à Toulouse (Haute-Garonne). Au petit matin du 4 novembre, une jeune femme reprend conscience dans un conteneur à poubelle. Marie a été étranglée, frappée à coups de poing, projetée contre un mur par un homme qui a pénétré dans son hall d’immeuble après qu’elle a passé la soirée en boîte de nuit. Âgée de 25 ans, Marie explique aux policiers que son agresseur lui a demandé un « câlin » avant de la frapper et de la violer. Quelques jours après cette scène d’horreur, Florian Varin est interpellé. Il a laissé son ADN sur la poignée de la porte du local poubelles et est formellement identifié par Marie. En garde à vue, il assure ne se souvenir de rien… puis reconnaît le viol. La « croyant morte », il a décidé de la déposer dans un conteneur à poubelles… « Il conteste toutefois l’intention homicide », soulignent Mes Alexandre Martin et Emmanuelle Franck, ses avocats.

Personnalité inquiétante, marqué selon les experts par une « dimension sociopathique » et la résurgence de « pulsions sexuelles agressives », Florian Varin est placé en détention provisoire en novembre 2012. Son profil pousse les enquêteurs à se plonger dans son passé. Le logiciel Salvac, conçu pour rapprocher les crimes selon leur mode opératoire, et des analyses génétiques font ressurgir des agressions longtemps occultées. Début 2012, une jeune femme avait ainsi déposé plainte contre Varin et accusait le jeune homme de l’avoir violée en décembre 2011 après une rencontre à la patinoire de Rennes (Ille-et-Vilaine).

Des ratés judiciaires à répétition

Plus troublant encore : les policiers toulousains découvrent que l’ADN qui leur a permis d’identifier Varin est connu depuis avril 2012. Il avait été prélevé dans le cadre d’une plainte pour viol déposée dans le Morbihan par Claire, 17 ans. Placé en garde à vue, Varin avait plaidé la relation consentie et convaincu les enquêteurs grâce à une vidéo sur laquelle il forçait la jeune femme à simuler le plaisir. « Tu fais ce que je veux parce que tu n’as pas le choix », lançait-il pourtant à sa victime sur cette vidéo. « Voilà pourquoi c’est un viol, parce que je n’ai pas le choix », lui répondait la jeune femme. La plainte avait été classée. Quatre mois plus tard, Varin agressait une nouvelle femme à La Rochelle.

Cet ADN, la justice avait rechigné à l’analyser après le viol de Pauline, 24 ans, le 16 septembre 2012 à la sortie d’une discothèque de Rennes. « Ce raté de la justice est un traumatisme pour ma cliente, souligne son avocat, Me Frank Berton. Elle souffre de devoir raconter encore son histoire, de voir une nouvelle fois que des viols auraient pu être évités. » De fait, les traces génétiques récoltées sur le corps de Pauline au soir de son agression ne seront analysées et reliées à Varin - dont l’ADN était connu depuis l’agression de Claire six mois plus tôt - qu’après le viol de Marie à Toulouse, en novembre 2012.

Ses avocats assurent qu’il a « évolué »

Entre-temps, les 14 et 25 octobre 2012, Varin a violé deux autres femmes, en Charente-Maritime et à Niort (Deux-Sèvres). Des victimes abordées, là aussi, après des soirées en boîte de nuit ou à la sortie de la patinoire… Malgré ce mode opératoire spécifique, jamais ces affaires n’avaient été reliées avant l’arrestation de Varin. Après avoir longtemps évoqué des relations consenties, le jeune homme a reconnu tous les viols lors de ses deux procès. Il devrait faire de même cette semaine.

« Il explique, verbalise désormais les choses, soulignent ses avocats. La question de ce procès concerne surtout la peine. Trente ans de prison, est-ce toujours adapté à cet homme, qui a évolué et a fait un important travail sur lui-même depuis son incarcération ? »

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/ma-cliente-souffre-de-devoir-raconter-encore-son-histoire-le-routard-du-viol-rejuge-17-10-2021-4V7ZAFXKUVG7XNLI5OEAUA2ONA.php