« La Nuit du 12 » : le meurtre de Maud, l’histoire derrière le film qui a marqué les César 2023

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Publié le 25/02/2023 14:51:17

Le polar de Dominik Moll, récompensé vendredi soir par six César dont celui du meilleur film, est inspiré d’un fait divers réel. En mai 2013, le corps de Maud Maréchal, 21 ans, était retrouvé calciné à Lagny-sur-Marne. Son meurtrier n’a jamais été identifié.

« Elle s’appelait Maud. » Lorsqu’il a reçu le César du meilleur film, le réalisateur de « La Nuit du 12 », Dominik Moll, a « eu une pensée pour la vraie Clara, la vraie victime de l’affaire qui a donné lieu au film ».

Car ce polar, sorti en salles à la mi-juillet, s’inspire d’une histoire vraie vieille de dix ans. Celle du meurtre non élucidé d’une jeune femme, Maud Maréchal, dont le corps calciné a été retrouvé dans la nuit du 13 au 14 mai 2013 à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne). Un drame que notre journal avait suivi pendant des mois, grâce à notre édition locale de Seine-et-Marne.

Ce soir-là, Maud, serveuse dans un restaurant « La Criée », participe à la soirée d’un voisin. Son frère fait partie des invités, mais la jeune femme de 21 ans quitte les lieux en dernier, vers 2h30 du matin, sans manifester la moindre inquiétude. Une heure plus tard, une patrouille de police retrouve son corps calciné sur la chaussée. La rue du Docteur-Bergonié, émaillée de gouttes de sang et de traces d’essence, porte les stigmates du drame.

Pas de vidéosurveillance ni de téléphone

L’autopsie confirme que la jeune femme est morte brûlée vive. Le scénario d’un mystérieux agresseur qui aurait aspergé son corps d’essence avant d’y mettre le feu ne fait plus de doute. Elle a été assassinée dans son quartier, un secteur pavillonnaire que des habitants décrivaient à l’époque comme le plus calme de la ville.

« Même si ce n’est, à ce stade de l’enquête, pas avéré, ce genre de procédé résulte souvent d’une déception amoureuse », imaginent tout de suite les enquêteurs de la brigade criminelle de Versailles, cités dans l’un de nos articles de l’époque. Ils sont confrontés à un véritable casse-tête. Ils n’ont ni vidéosurveillance, ni aucun élément de téléphonie qui permettrait de localiser un suspect.

La pêche aux témoignages se révèle maigre : la maison la plus proche des traces d’incendie est habitée par une vieille dame sourde. Plus loin, une voisine, la trentaine, confie aux enquêteurs avoir entendu des pas, suivis de cris stridents. Elle ne s’est « pas levée pour aller voir ce qu’il se passait ».

Le samedi 25 mai, sa famille organise une marche silencieuse. Les 500 participants défilent avec une rose à la main, vêtus d’un tee-shirt blanc à l’effigie de Maud. Des amis, des élus, des voisins ou de simples badauds touchés par le sort de la jeune femme y participent. L’association Ni putes Ni soumises dénonce un « acte de barbarie ».

« Même ici, ce genre de chose peut arriver »

Ce drame « absolu déboussole toute la commune, d’ordinaire si calme », réagissait la maire de l’époque, Sylvie Bonnin. « On pense habiter dans une ville calme et paisible, mais en fait… même ici, ce genre de chose peut arriver. Je suis horrifiée », témoignait Corinne, une habitante de Thorigny-sur-Marne, une commune voisine.

Maud vivait dans une famille unie avec ses parents et son frère, Nicolas. Son joli visage ravissait les cœurs. Elle avait du succès, une vie amoureuse dense. Les enquêteurs explorent alors la piste d’une mauvaise rencontre : parmi ses flirts, des garçons souffrant de problèmes psychiatriques auraient pu devenir violents, jaloux. À l’époque, personne ne parlait encore de « féminicide ».

Des dizaines de témoins sont entendues. La police passe des mois à surveiller les proches de la victime. Une dizaine de suspects potentiels se dégage. L’enquête patine et n’aboutit à rien.

Le dossier reste ouvert

Près de dix ans après la mort tragique de Maud Maréchal, les investigations de la brigade criminelle de Versailles n’ont toujours pas permis de trouver son meurtrier. Aujourd’hui, le dossier reste ouvert dans le bureau de la juge d’instruction Dorothée Branche, au tribunal de Meaux.

« C’est une magistrate qui est toujours motivée sur cette affaire et qui propose toujours de nouvelles hypothèses, mais pour l’heure aucune piste n’a été trouvée », confie au Parisien une source proche du dossier. En 2021, la police judiciaire de Versailles avait lancé un appel à témoins sur M 6 dans une émission de Julien Courbet. En vain.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/la-nuit-du-12-le-meurtre-de-maud-lhistoire-derriere-le-film-qui-a-marque-les-cesar-2023-25-02-2023-36LKBTLMM5A47AGLVDH7MSXJAM.php