«Justice a été rendue», réagit le père de Laly, défenestrée par un camarade de classe en 2015

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Publié le 03/05/2022 16:20:16

La cour d’appel de Bordeaux (Gironde) estime que l’enseignante, dans la classe de laquelle un garçon atteint de sérieux troubles du comportement avait poussé dans le vide la fillette de 8 ans, a commis une «faute caractérisée aux conséquences dramatiques». Cette femme a été condamné ce mardi à quatre mois avec sursis.

« Trois minutes d’absence. Trois de trop… Je m’en voudrai toute ma vie », disait l’enseignante lors de son procès en première instance, en 2019. Élisabeth Jaccard, enseignante et directrice d’une écolière trisomique, a été condamnée en appel ce mardi à Bordeaux à quatre mois de prison avec sursis pour « homicide involontaire ». Le 8 janvier 2015, l’une de ses élèves a été défenestrée par son camarade « psychotique », dans l’école privée du Sacré-Cœur à Périgueux, en Dordogne.

La chute de la petite Laly, huit ans, d’une hauteur de cinq mètres, s’était produite dans un établissement qui accueille des enfants atteints de handicaps psycho-moteurs et/ou de troubles du comportement dans une classe spécialisée dans l’inclusion scolaire. Au moment des faits, la fillette avait quitté la salle de cette classe, une fois son travail terminé, pour rejoindre la salle de jeux attenante où se trouvait son petit camarade, loin des yeux de leur professeure. L’absence de surveillance à ce moment précis est « une faute caractérisée » de la part de l’enseignante, considère la Cour d’appel de Bordeaux.

La Cour a également demandé le versement par l’État, représenté par le rectorat, de plus de 132 000 euros de dommages et intérêts pour « préjudice moral » et « frais d’obsèques » à la famille de la victime, « en déduction des sommes » déja allouées par la justice administrative, qui avait condamné l’aide sociale à l’enfance de Dordogne à des dommages et intérêts.

« Je ne voyais pas les enfants dans la pièce d’à-côté. Cela me hante », avait déclaré lors de l’audience fin mars Élisabeth Jaccard avant d’éclater en sanglots, affirmant « n’avoir rien entendu » tandis qu’elle regardait le travail des autres élèves. L’auxiliaire de vie scolaire était de son côté partie déjeuner.

Un enfant connu pour sa violence

Pour l’avocate générale Céline Raignault, cette directrice « ne pouvait ignorer » que le petit garçon « nécessitait une surveillance accrue. Elle avait indiqué qu’il devenait véritablement ingérable ». L’enfant avait de plus déjà roué de coups la fillette trisomique dans les escaliers de l’école au motif qu’« elle était plus petite que lui ». Des consignes avaient été données pour le surveiller et une réunion était prévue pour proposer son transfert vers un établissement médico-éducatif.

D’autres faits antérieurs à son arrivée dans l’école n’avaient toutefois pas été portés à sa connaissance par les services sociaux du département. Pour les parents et la directrice, le choc avait été double : ils ont appris qu’en 2013, soit deux ans auparavant, le garçonnet avait déjà poussé un bébé de deux ans par-dessus la rambarde, profitant de l’absence momentanée de sa nounou. La fillette s’en était sortie avec quelques fractures. Mais l’assistante sociale chargée du suivi du garçon ne l’avait pas signalé à sa nouvelle école, invoquant le secret professionnel.

La directrice l’assurait à l’audience : « si elle avait été mise au courant, elle aurait refusé de l’inscrire ». En première instance, elle avait été relaxée par le tribunal d’Angoulême, qui avait justifié sa décision par « l’absence de faute caractérisée ».

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