«Je n’imaginais pas vivre ça en France » : Alina, réfugiée ukrainienne, victime d’une violente agression

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Publié le 13/09/2022 12:51:50

Deux réfugiées ukrainiennes ont été rouées de coups dimanche soir à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes) par un homme s’exprimant en russe, pour avoir écouté une chanson humoristique se moquant de Moscou.

La douceur de la Côte d’Azur leur avait sûrement fait oublier le fracas des bombes. Après avoir fui l’Ukraine en guerre, Alina, 31 ans, et sa mère Olena, 54 ans, se pensaient à l’abri de la violence en France. Mais, comme la plus jeune le raconte au Parisien, ces deux réfugiées ukrainiennes ont été violemment agressées dimanche soir à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes) aux alentours de 22h30 par un homme d’origine russe.

Ce soir-là, alors que la trentenaire et sa mère se promènent tranquillement chemin du Golfe bleu, près du bord de mer, Alina reçoit un message de l’un de ses amis ukrainien sur son téléphone. « Il s’agissait d’une nouvelle chanson humoristique qui se moque de la Russie, intitulée un monde sans les Russes », se remémore la jeune femme originaire de la ville récemment reconquise d’Izioum près de Kharkiv dans l’est de l’Ukraine. Elle ouvre la vidéo et enclenche le son de son portable.

Au même moment, le duo croise la route d’un groupe de quatre personnes, composé de deux hommes dont l’un est « très musclé », une femme et un enfant, s’exprimant en russe. « Ils nous dépassent, mais quelques mètres plus loin, alors que nous avions pris une autre rue, nous nous sommes retournées et nous avons aperçu l’homme costaud foncer vers nous », raconte Alina dans un Français parfait.

L’agresseur, assène d’abord deux coups de poing au visage de la jeune ukrainienne qui tombe sur l’asphalte. « Il s’est ensuite approché de ma mère et l’a frappée à trois reprises, lui cassant le nez. Il y avait du sang partout », se rappelle-t-elle la voix tremblante. L’homme prend alors la fuite et la jeune femme parvient à appeler les secours.

L’affaire remonte jusqu’à Kiev

Conduites à l’hôpital de Menton, les deux réfugiées accueillies en France en avril après un long périple par la Russie et l’Estonie, sont soignées. Alina souffre de blessures aux genoux et sa mère a le nez fracturé. Aujourd’hui, la trentenaire se plaint toujours des séquelles de l’agression : « J’ai du mal à marcher, des nausées et la tête qui tourne ».

Alina, qui exerçait le métier de chargée de communication à Izioum, indique avoir déposé plainte au commissariat de Menton lundi, pour tenter de retrouver leur agresseur. Le parquet de Nice confirme au Parisien ce mardi l’ouverture d’une enquête du chef violences volontaires aggravées par plusieurs circonstances. « Ils m’ont dit qu’ils allaient faire tout leur possible et qu’il y avait des caméras de vidéosurveillance sur les lieux de l’agression », livre la jeune Ukrainienne qui assure que l’homme s’exprimait en russe, avec « l’accent très spécifique de Moscou ».

L’affaire serait même remontée jusqu’à Kiev, ce mardi. « Nos diplomates interagissent avec la police française pour enquêter rapidement sur cette attaque », a assuré le porte-parole du ministre ukrainien des Affaires étrangères Oleg Nikolenko, selon Nice-Matin.

L’ambassade d’Ukraine en France a pour sa part affirmé suivre la situation « de près » et rester « en contact » avec les deux victimes. « Nous coopérons avec les autorités pour une enquête rapide sur cet incident odieux », a-t-elle réagi dans un tweet lundi.

Alina, qui a étudié la communication au Celsa à Paris entre 2019 et 2020, est encore extrêmement choquée par cet incident. « Pour moi, la France est un pays ultra-sécurisé et je ne m’imaginais pas du tout vivre ça ici », témoigne celle qui est passée avec sa mère par les fameux « camps de filtration » en Ukraine, dans lesquels les Russes mènent des interrogatoires musclés.

« Je soutiens évidemment mon pays contre cette invasion injustifiée, mais je me suis toujours bien gardée de provoquer n’importe qui », assure-t-elle. « Je croise régulièrement des Russes ici mais aucun ne m’a jamais touchée », poursuit-elle tout en ajoutant qu’elle avait désormais « peur de recroiser son agresseur ».

Cette agression intervient dans un contexte tendu en Ukraine. Les forces de Kiev, qui mènent depuis début septembre une contre-offensive éclair dans les régions de Kharkiv (est) et dans une moindre mesure à Kherson (sud), affirment avoir déjà reconquis quelque 6 000 km2 de territoire. Même si le Kremlin assure que « l’opération militaire spéciale (en Ukraine) va se poursuivre jusqu’à ce que les objectifs soient atteints », des critiques commencent à émerger à l’intérieur même des frontières du pays.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/je-nimaginais-pas-vivre-ca-en-france-alina-refugiee-ukrainienne-victime-dune-violente-agression-13-09-2022-M2PF7PKBIRD7NLU5HYBLU4BLTU.php