« Il a agi par appât du gain » : un an de prison ferme requis contre un vendeur de glyphosate

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Publié le 23/05/2023 18:15:32

La procureure du tribunal correctionnel de Tours (Indre-et-Loire) a requis dix-huit mois d’emprisonnement, dont six avec sursis, et 10 000 euros d’amende contre un vendeur sur Internet de glyphosate à des particuliers.

L’audience a débuté par un regret. L’absence de Benoît L. 45 ans, originaire du Gard, mais résident en Thaïlande. « Votre client revient régulièrement en France pour sa famille, mais pas pour le tribunal », a lancé Marie-Pierre Merle, la présidente du tribunal correctionnel de Tours avant de s’atteler au rappel des faits. Le prévenu absent est soupçonné d’avoir vendu du glyphosate, un pesticide ne bénéficiant pas d’autorisation de mise sur le marché, ainsi que de tromperie sur une marchandise entraînant un danger pour la santé de l’homme ou de l’animal.

Le quadragénaire, qui se présente comme un ancien coach sportif, en a écoulé plus de 9 000 litres entre janvier 2020 et décembre 2022 pour 170 000 euros de chiffres d’affaires. « De quoi brûler la végétation sur l’équivalent de 1 000 à 1 400 terrains de football », annonce la présidente, avant de donner la parole aux avocats des parties civiles.

« Si on tape glyphosate eBay, on trouve encore des annonces »

« 3 700 ha de parcelles ont été pollués à cause de son produit. C’est un fait grave qui mérite plus qu’une petite tape dans le dos », déclare à la barre Philippe de Castro, avocat de l’association Générations Futures. Le même regrette que les plates-formes de vente directe n’aient pas été appelées à comparaître : « Si on tape glyphosate eBay sur Internet, on trouve encore des annonces », déplore-t-il.

Parmi les quelques clients interrogés, un seul avait l’autorisation d’user de ce type de produits. La plupart ne savaient même pas l’utiliser sans risque. « Il a agi par appât du gain. Il a tout fait pour noyer le poisson et exposait ses acheteurs à des produits interdits aux particuliers depuis 2019, dangereux, venus d’Espagne ou d’Italie sans notice d’explication », dénonce la substitut du procureur de la République, Stéphanie Clément-Bornet, avant de requérir dix-huit mois de prison dont six mois de sursis avec mandat d’arrêt et 10 000 euros d’amende.

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Carmello Vialette, avocat au barreau de Nîmes, ne remet pas en cause le but mercantile de son client, dont le business dans le domaine des salles de sport, qui s’est effondré à cause de la crise sanitaire, est à l’origine de cette entreprise.

« Je ne veux pas que Benoît soit sacrifié sur l’autel de l’exemple. Pour quelles raisons le fournisseur espagnol n’est-il pas inquiété ? Les sites de vente en ligne ne sont pas là, pourquoi ? Le parquet a préféré être faible en n’attaquant pas les forts. Et être dans la facilité, en s’attardant sur mon client. Qu’il soit condamné oui, mais il faut ramener à sa juste proportion ce qu’il a fait », plaide-t-il.

Le tribunal rendra son jugement le 15 juin. La procureure a requis dix-huit mois d’emprisonnement, dont six avec sursis, et 10 000 euros d’amende.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/il-a-agi-par-appat-du-gain-un-an-de-prison-ferme-requis-contre-un-vendeur-de-glyphosate-23-05-2023-YIEBWFJ43FAS3HUW2S74D3LFY4.php