«Ici sont formés et protégés des violeurs» : la fac de médecine de Tours visée par une inspection

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Publié le 29/04/2022 07:28:55

Un étudiant mis en examen pour viol et agressions sexuelles sur cinq étudiantes n’a pas été sanctionné par l’université de Tours et a pu se réinscrire à Limoges.

« Ici sont formés et protégés des violeurs ». Voilà les mots apposés sur la façade de l’université de médecine de Tours (Indre) dans la nuit du 15 au 16 avril dernier par le collectif féministe Action féministe Tours. Des mots qui ont conduit les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur à lancer une inspection générale. Cette enquête devra déterminer comment la fac a géré le cas d’un étudiant visé par cinq plaintes pour viol et mis en examen, révèle Franceinfo.

Cinq jeunes femmes (trois étudiantes, une jeune femme rencontrée lors d’une soirée, et une lycéenne de 15 ans à l’époque) accusent le jeune homme de viol pour l’une et d’agressions sexuelles pour les autres, entre 2013 et 2020. Certaines d’entre elles expliquent avoir été agressées dans leur sommeil après des soirées.

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Selon Franceinfo, une étudiante a alerté la commission d’écoute de l’université avant d’aller porter plainte. Cette commission prévient la police et alerte la responsable administrative de la fac sur « les dangers » que représenterait cet étudiant de 4e année, particulièrement durant ses gardes en gynécologie. Cette commission aurait aussi lancé une procédure interne et indépendante. Mais, toujours selon Franceinfo, le président de l’université ne réagit pas.

Un stage en gynécologie à Limoges

En novembre 2020, une nouvelle direction prend la tête de l’université. Mais elle ne réagit pas plus, alors que selon une source interne, elle a été prévenue. Le nouveau président, Arnaud Giacometti, interrogé par Franceinfo, assure ne pas avoir été informé.

Entre-temps, le 10 septembre, hors de toute procédure officielle, le doyen de la fac rencontre les plaignantes, l’étudiant et sa famille, des médecins réputés de Tours. L’étudiant est interdit de se rendre à la fac et à son stage. Fin septembre, il est mis en examen et placé en détention provisoire. Mais aucune procédure disciplinaire n’est engagée.

Deux mois plus tard, le jeune homme est placé sous contrôle judiciaire et s’inscrit à la fac de Limoges, notamment car son dossier ne présente aucune sanction. Il entame même un stage en gynécologie.

« Interdit de rester seul avec une étudiante ou une patiente »

Selon l’avocat des plaignantes, Me Marc Morin, cité par France Bleu, les jeunes femmes ont été « bouleversées » d’apprendre cette affectation de leur agresseur présumé : « C’est comme si l’on autorisait un individu soupçonné d’actes pédophiles à travailler dans une garderie ». Des précautions seraient cependant prises : « Il lui est interdit de rester seul avec une étudiante ou une patiente », assure la présidente de l’université de Limoges.

Cette affaire sera désormais étudiée par l’inspection générale lancée par les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé. Le doyen de la fac de Tours a de son côté porté plainte pour diffamation, intrusion et dégradation à l’encontre du collectif Action féministe Tours.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/ici-sont-formes-et-proteges-des-violeurs-la-fac-de-medecine-de-tours-visee-par-une-inspection-29-04-2022-NDYZLPOB3ZB3VKETWO4Y5SCBTI.php