«Elle grandit dans l’omerta» : à Beauvais, le père incestueux condamné par la justice

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Publié le 23/09/2022 04:30:00

En mars 2017, Cyrille a agressé sexuellement sa fille de 7 ans dans la salle de bain. Il a été condamné ce jeudi à 18 mois d’emprisonnement avec un sursis probatoire de deux ans.

Son pyjama était mis, Laura (NDLR : le prénom a été modifié) s’apprêtait à aller au lit quand son père lui a demandé de la rejoindre dans la salle de bains. Lui sortait de la douche, une serviette autour de la taille. Il lui demande alors de se mettre nue et de se « frotter sur son zizi ». La petite fille s’exécute. Son père finit par s’arrêter en lui faisant promettre de ne rien raconter au risque qu’il aille en prison. Mais quelques jours plus tard, par peur que cela recommence, elle se confie à sa mère. Laura n’avait alors que sept ans.

Cinq ans et demi plus tard, Cyrille, son père, se retrouve, ce jeudi, devant le tribunal judiciaire de Beauvais pour agression sexuelle incestueuse, commise par un ascendant. Il a été condamné à 18 mois d’emprisonnement avec un sursis probatoire de deux ans et obligation de soin. Il doit payer 3000 euros de dommages et intérêt. Si les faits sont reconnus par le prévenu, il n’arrive pas à expliquer son passage à l’acte.

«Laura ne va pas bien du tout»

« C’était rapide, je n’ai pas compris », lâche-t-il brièvement lorsque le président l’interroge, évoquant seulement une consommation excessive d’alcool. « Pourquoi avoir dit à votre fille que vous risquiez d’aller en prison ? Pour lui faire peur afin qu’elle ne puisse pas en parler ? C’était de la pression ça, vous en avez conscience ? » Ses bras croisés contre la poitrine, le père bredouille un vague « oui oui », sans en dire plus.

Depuis les faits, commis en mars 2017, il voit peu sa fille, et seulement en présence de leur mère avec qui il est séparé. Est-ce qu’elle est traumatisée par l’évènement ? « Elle dit que non, que ça va. Elle ne veut plus en parler », assure-t-il. Sauf que c’est une tout autre version qui est fournie par Sylviane Michaud, administrateur ad hoc, mandatée par l’association SOS jeunesse Beauvais : « Laura ne va pas bien du tout. Elle a grandi, elle s’est rendu compte de ce que cela représentait et c’est un cauchemar. »

À 13 ans, la collégienne se heurte au silence, raconte-t-elle. Son père ne veut pas en parler, sa mère refuse de l’écouter. C’est même un médecin, en violant le secret médical, qui a saisi la justice pour dénoncer les faits et non ses parents. « Aujourd’hui, Laura attend des réponses, elle se demande : Pourquoi il a fait ça, pourquoi moi ? Sauf qu’elle grandit dans l’omerta », plaide l’avocate de la partie civile qui demande 3 000 euros pour les dommages et intérêts. Une somme qui permettra à la jeune fille de bénéficier d’un suivi psychologique et d’être, enfin, entendue. D’après la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), 160 000 enfants sont victimes chaque année d’inceste en France.

Face à un enfant en danger ou/et dans le doute, contacter le 119 par téléphone. Ce numéro d’appel national de l’enfance en danger est 24 heures/24, 7 jours/7 et gratuit.

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Source : https://www.leparisien.fr/oise-60/elle-grandit-dans-lomerta-a-beauvais-le-pere-incestueux-condamne-par-la-justice-23-09-2022-PRBUQUVASVDPFF7WJT5MKVQ54Y.php