«Cette piste est clôturée» : le motard relâché, le mystère de la tuerie de Chevaline reste entier

logo Le Parisien illustration «Cette piste est clôturée» : le motard relâché, le mystère de la tuerie de Chevaline reste entier

Publié le 13/01/2022 20:08:34

Le chef d’entreprise lyonnais interpellé mercredi matin par les gendarmes a été relâché sans suite après une trentaine d’heures de garde à vue. Aucun élément n’a permis de l’impliquer dans le quadruple meurtre commis en 2012 dans la petite commune de Haute-Savoie.

Saura-t-on un jour ce qu’il s’est passé le 5 septembre 2012 sur ce petit chemin de terre de Chevaline (Haute-Savoie) ? À la suite d’un nouvel épisode de cette énigme judiciaire, un constat semble établi : le chef d’entreprise lyonnais interpellé mercredi matin par les gendarmes de la section de recherches de Chambéry n’est pas l’homme qui a abattu Saad Al-Hilli, Britannique d’origine irakienne de 50 ans, sa femme et sa belle-mère, ainsi qu’un cycliste de la région, Sylvain Mollier.

Après 36 heures de garde à vue, ce père de famille a été relâché sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. « Les explications données et les vérifications opérées ont permis d’écarter son éventuelle participation aux faits », souligne Lise Bonnet, la procureure de la République d’Annecy. « Il est totalement hors de cause, cette piste est clôturée », appuie une source judiciaire.

Le quinquagénaire libéré ce jeudi soir n’était pas un inconnu de ce tentaculaire dossier. Il avait déjà été auditionné librement en 2015. Deux gardes de l’Office national de forêts avaient ainsi affirmé aux enquêteurs avoir contrôlé, à proximité de la scène de crime, un motard avec un casque « original ». Il avait fallu trois ans pour identifier le fameux pilote, qui ne se savait pas recherché malgré la médiatisation de l’affaire. Lors de cette première audition, il avait expliqué aux gendarmes s’être promené dans le secteur après avoir réalisé un baptême de parapente avec plusieurs personnes, qui ont confirmé sa présence. Il avait aussi expliqué n’avoir rien remarqué ou entendu de suspect lors de sa balade à moto. Rien n’était alors venu contredire son récit.

« Il était impératif de fermer définitivement cette porte »

Alors pourquoi, six ans plus tard, avoir replongé cet homme dans l’horreur de la tuerie de Chevaline ? Selon des sources concordantes, une reconstitution organisée en septembre dernier par les gendarmes de Chambéry – en sa présence, ainsi que celle de deux agents de l’ONF et du cycliste qui avait découvert les victimes – aurait mis à jour certaines étrangetés dans l’emploi du temps du quinquagénaire. Après 1 500 heures de travail sur cette remise en situation, les enquêteurs étaient parvenus à la conclusion que le motard était forcément à proximité immédiate de la scène de crime au moment des meurtres, et qu’il avait au minimum vu ou entendu quelque chose. Des éléments visiblement fragiles, mais qui ont poussé les enquêteurs et les juges à le placer en garde à vue le jour de l’annonce de la création du pôle cold case par le ministre de la Justice. Une concomitance « fortuite », assure Lise Bonnet.

À l’issue de ces 36 heures, aucun lien n’a été mis au jour entre cet habitant de la région lyonnaise et les victimes. Il n’a par ailleurs aucune compétence particulière en tir, alors que les meurtres de Chevaline ont toujours été décrits comme étant l’œuvre d’un « pro ». Selon un proche du dossier, le père de famille a tenu, mercredi et jeudi, le même discours qu’en 2015 face aux gendarmes et n’a jamais été contredit par les éléments tirés de la reconstitution. « La montagne accouche d’une souris, cette garde à vue n’était pas justifiée et abusive, dénonce son avocat, Me Basson-Larbi. Mon client a toujours eu à cœur d’aider la justice, s’est toujours tenu à sa disposition. Passer du statut de témoin à celui de suspect lui a fait peser un poids insupportable, alors qu’il n’a jamais rien vu et ni entendu le jour du drame. »

« Pour l’avancée des investigations, il était impératif de fermer définitivement cette porte, justifie une source proche du dossier. C’est désormais fait, et cela permettra peut-être d’en ouvrir d’autres. » Selon la procureure d’Annecy, trois enquêteurs de la section de recherches de Chambéry continuent de travailler à temps plein sur la tuerie de Chevaline.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/cette-piste-est-cloturee-le-motard-relache-le-mystere-de-la-tuerie-de-chevaline-reste-entier-13-01-2022-T5JBQJBNZNE3XLJHFFGL7XBIJA.php